Les tergiversations que l’on observe aujourd’hui, les discours confus que l’on entend, le volte-face de Macron qui a commencé à condamner la répression des manifestants alors que c’est bien lui qui a donné des ailes à cette junte, montrent clairement qu’il y’a des difficultés réelles à faire passer la pilule d’une succession dynastique au Tchad.
L’acte était tout à fait grossier, maladroit et même malsain. Il a été si contrariant que finalement, tout le monde est désormais dans l’embarras. Comment l’Union Africaine dont la charte est si clair contre les coups d’État, pourra justifier son soutien à un acte aussi flagrant qui heurte de front, non seulement la Constitution tchadienne mais encore et surtout, les principes définis de commun accord par nos Chefs d’État au sein de cette organisation continentale ?
Et demain? Que fera l’Union Africaine si jamais un tel cas analogue se répétait dans un pays où la France ne prendra plus les devants ? Le soutien aveugle au Comité Militaire de Transition était une vraie aberration, pour ne pas dire une bêtise qui va constituer une jurisprudence grave pour l’histoire.
Le voyage précipité de Félix Tshisekedi en France, en sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine, ainsi que l’appel qu’il s’est vu obligé de lancer pour un retour à l’ordre constitutionnel au Tchad, vont nécessairement participer à rebattre les cartes.
Il faut impérativement arrêter le zèle d’Emmanuel Macron dans nos pays, notamment avec ses intrusions intempestives et sans gangs dans des dossiers politiques aussi sensibles. Il n’a vraiment pas besoin de ridiculiser nos dirigeants avant de piller, en sus, nos biens.
L’on comprends bien sa peur actuelle de perdre aussi sa mainmise sur le Tchad, alors qu’il a déjà perdu le Djibouti et la Centrafrique. Tout le monde sait que l’arrivée en force de la Russie et, dans une autre mesure la Turquie en Afrique Francophone, inquiète très sérieusement Marcon et le met dans un état d’instabilité émotionnelle.
Lui qui a bien l’intention de s’octroyer un deuxième mandat en France pendant que le débat devient assez sérieux et bien lourd sur le rôle des soldats français dans le Sahel, compte vraiment maitriser le Tchad et bien d’autres pays africains, afin de décongestionner une partie des troupes françaises, tout en aillant l’assurance de ne pas perdre son contrôle sur cette zone très stratégique.
L’on le comprend bien sûr, mais qu’il ne perde pas aussi vite ses nerfs au point de poser des actes insoutenables dans nos pays. Il va nécessairement falloir que l’on trouve un moyen habile et subtile pour amener Kaka Mohamet Deby à céder le fauteuil pour une transition civile au Tchad, ne serait-ce que pour le respect de la forme et des principes.
Sans toutefois en avoir la conviction, je suppose que c’est la raison qui a fait courir le chef de la diplomatie togolaise dans certains pays de la sous-région y compris le Tchad où il a été reçu mercredi par le jeune prince ainsi intronisé par Paris.
Rien que pour le minimum d’honneur et de dignité qu’il peut encore rester à nos dirigeants, rien que pour l’histoire, l’ordre constitutionnel doit revenir à Ndjaména. Le salut de ce pays et même de l’Afrique toute entière en dépend !
Source:Luc Abaki